Bye bye
Très peu de Colombiens parlent anglais. Même dans l’industrie touristique, ils sont rares. Il n’y a qu’à Taganga, Carthagène et Medellin où nous avons été servis en anglais dans les hôtels. Dans la restauration, vous serez privilégié si quelqu’un vous parle anglais.
À Medellin, le gardien de l’hôtel où nous sommes descendu nous a abordé dans un anglais parfait. Étonnée, je lui ai demandé où il l’avait appris. Colombien d’origine, il a été élevé aux États-Unis. Il venait de Fort Lauderdale dans un quartier habité majoritairement par des policiers qui, selon son vécu, sont très racistes. Une fois, il a été arrêté sans raison, menotté et battu. Écoeuré, il a pris un billet pour la Colombie et a quitté les États avant qu’un incident plus grave ne se produise et ne l’amène en prison. Il n’y est jamais retourné !
Gâtés pourris
L’une des raisons qui font que j’apprécie découvrir d’autres pays c’est pour me rappeler le confort dans lequel nous vivons au Québec.
Chez nous, on peut « flusher » le papier de toilette. En Colombie, comme dans plusieurs autres pays, les conduits ne permettent pas d’évacuer le papier de toilette. On risque de boucher les tuyaux si on le fait alors il faut mettre le papier utilisé dans une poubelle.
Chez nous, on se sent en sécurité presque partout. Les agressions sont rares. Même la France, un si beau pays, n’est pas autant sécuritaire que le Québec.
Chez nous, pas besoin de négocier les prix de quoi que ce soit. En Asie, en Turquie et en Afrique, il faut tout le temps le faire ce qui peut parfois être lassant. Heureusement, en Colombie, les prix sont fixés d’avance. C’est l’un des signes de développement d’un pays. La preuve, l’Afrique est le continent le moins développé et l’endroit où les négociations sont les plus longues et exténuantes que nous ayons vécues.
Chez nous, on a toujours de l’eau chaude. Plusieurs pays chauds ou régions chaudes n’ont que de l’eau froide, et ce même dans les hôtels. Une chance qu’elle n’est pas aussi glaciale que celle du Québec ! De plus, chez nous, l’eau chaude vient dans la seconde. Ailleurs, il arrive régulièrement de devoir attendre deux-trois minutes avant qu’elle n’arrive.
Chez nous, on peut manger des légumes crus et des fruits non pelés sans problèmes. Dans les pays en voie de dévelopement, l’eau avec laquelle ils sont lavés n’est pas toujours potable alors par précaution, on ne peut pas les manger. Bien sûr, si on épluche sa pomme ou si on mange des fruits comme les bananes ou des mangues, il n’y a aucun souci. Il faut aussi se méfier des glaçons.
Chez nous, l’eau du robinet est potable. Dans la plupart des pays où nous sommes allés, ce n’est pas le cas. Il faut constamment acheter de l’eau embouteillée.
Chez nous, les municipalités prennent en charge la gestion des déchets. Dans plusieurs pays en voie de développement, ce sont les gens qui rassemblent leurs ordures et les brûlent le soir venu. Bien sûr, le vent les emportent et ils jonchent ensuite le sol. Ils ont tant pris l’habitude d’en voir partout qu’en Asie nous avons fréquemment observé des gens jeter leur bouteille d’eau par terre une fois terminée. En fait, ils jettent tout ce dont ils n’ont plus besoin par terre et ça ne semble pas les déranger de marcher ensuite dessus. Au Cambodge, un guide nous avait expliqué qu’un après-midi par semaine les élèves de son village sont amenés à ramasser les déchets. Une bonne manière d’essayer de changer leur propre comportement ainsi que celui de leurs parents. C’est ainsi qu’ils acquièrent de bonnes habitudes. En Colombie, tout dépend si on habite en ville, en campagne ou dans les Caraïbes où c’est beaucoup moins propre qu’en montagne… C’est d’ailleurs ce qui nous a frappé en premier en arrivant sur la côte.
Alors à quoi reconnait-on le niveau de développement d’un pays ?
- à sa gestion des déchets
- à l’attention que portent les gens à ne pas jeter les ordures par terre
- à la qualité des infrastructures routières
- à la qualité des ses conduits d’évacuation
- à la disponibilité d’eau potable
- à l’importance accordée à l’éducation qui est aussi un élément capital de l’évolution d’un pays
La pauvreté
La pauvreté a plusieurs visages et ce dernier change selon les cultures. En Amérique du nord, la pauvreté est surtout matérielle. Dans plusieurs pays en voie de développement, là où le gouvernement ne vient pas en aide aux plus démunis, la pauvreté est représentée par la solitude. Le plus pauvre est celui sans famille. Quand on y réfléchit, la raison est évidente. Sur qui pouvons-nous compter si on ne peut compter sur les aides gouvernementales ? Sur nos proches.
À Medellin, la pauvreté se mesure à la hauteur où se situe votre demeure sur la montagne. Plus vous êtes en hauteur, plus vous êtes pauvre. En prenant le téléphérique, qui a été créé pour permettre à ceux qui n’habitent pas la vallée de se déplacer plus facilement et briser leur isolement, nous avons pu observer les rues, les maisons, la vie. Certaines rues sont vraiment mais vraiment très à pic. Parfois, des escaliers interminables remplacent les rues tant la côte est abrupte. Les maisons ne sont jamais recouvertes d’enduit. Le revêtement est réservé à ceux qui en ont les moyens.
Dans cette grande ville, notre hôtel était situé dans le quartier Poblado. C’est un quartier de riches où pour la première fois nous avons vu des femmes promenant leurs chiens. Le gardien de l’hôtel nous a d’ailleurs dit que c’était le Beverly Hills de Medellin ! Le centre de ce quartier est très chouette : il y a plein de restos et de bars ! C’est la première fois que nous voyons un endroit aussi animé. Ce n’est donc pas étonnant que ce soit le quartier de prédilection des touristes. Pour qui aime faire la fête, c’est l’endroit parfait où beaucoup de jeunes se retrouvent.
D’ailleurs, fait très surprenant, presqu’aucun Colombien fume la cigarette. Il n’y en a pas plus de 5-10%. C’est vraiment frappant. C’est le premier pays que nous visitons où cette mauvaise habitude est si peu populaire.